Les nouvelles règles de l’étiquetage du vin.
La transparence, ce n’est pas que pour les autres…
On l’oublie souvent, mais le vin est aussi un produit alimentaire… A ce titre, il devra à partir du 8 décembre 2023, indiquer sa composition et sa valeur nutritionnelle. La dérogation dont il bénéficiait depuis des décennies a fini par succomber aux élans normalisateurs de la commission européenne.
Au niveau formel, la multiplicité des informations à rajouter sur l’étiquette, qui comporte déjà huit mentions obligatoires, est ingérable. C’est pourquoi l’utilisation d’un QR code est autorisé comme mesure alternative. Seule la valeur nutritionnelle exprimée en kilojoules/100ml ou par le symbole « E » du nutriscore devra être portée sur l’étiquette papier.
Cette obligation est-elle une nouvelle contrainte pour des producteurs déjà submergés de formalités ou une opportunité de regagner la confiance des acheteurs ?
Emmerder le vigneron*, rassurer le consommateur…
Le premier ingrédient d’un vin, c’est bien sûr le raisin. Mais il y a aussi les additifs (stabilisants, correcteurs d’acidité, conservateurs etc…) sur lesquels règne un flou qui ne favorise pas la transparence réclamée aujourd’hui par la majorité des consommateurs. Les vignerons s’inquiètent de cette révolution pour deux raisons. Premièrement, ce sont eux qui vont supporter le coût de cette nouvelle contrainte. Deuxièmement, la subite révélation de termes barbares qui fleurent bon la chimie (E330, E334…) va-t-elle refroidir les velléités de l’acheteur enfin éclairé ?
L’agence Wine intelligence a mené l’enquête dans 10 pays. Les sondés sont une majorité à déclarer vouloir continuer à acheter un vin qui leur plaît même s’il contient des additifs. Ils montrent en revanche une grande méconnaissance du rôle de ces derniers dans le vin. Ainsi, rappeler leur fonction plutôt que les citer sans explications rassure le client et ne semble pas décourager son achat, au contraire.
La filière vin, forcée à la transparence et à la pédagogie, peut regagner la confiance d’une clientèle qui finalement connait mal le produit. Expliquer, rassurer, et continuer son chemin…
*le langage fleuri des vignerons n’a pas encore été réglementé par l’UE
Retrouver toutes les règles d’étiquetage du vin sur le site de la DGCCRF
Arnaud Heckmann
Formateur Bachelor, M1 & M2
Auteur : Histoire mondiale du vin français