Au-delà des signes extérieurs de qualité présents sur la bouteille qui influencent notre achat, on ne connait la valeur d’un vin que lorsqu’on le déguste. Or, nos appréciations sensorielles sont influencées par de multiples facteurs : la température de la pièce, la couleur des murs, la luminosité, l’heure de la journée… et aussi la catégorie de prix.
Une IRM pour répondre à cette question
Des chercheurs américains ont voulu savoir si ce facteur essentiel jouait un rôle dans la perception de la qualité intrinsèque d’un vin. Leurs outils ? Une IRM, du vin et une poignée de volontaires œnophiles. Après avoir logé les volontaires dans la machine, ils les ont volontairement trompés en leur donnant à gouter le même vin annoncé à des prix différents (allant du simple au quintuple) : le vin le plus cher a systématiquement été jugé meilleur. Ensuite, le même vin a été regoutté sans notion de prix, et il n’y a pas eu d’écart notable dans la perception de sa qualité. Et l’IRM dans tout ça ? Il a servi à mesurer l’activité des zones du cerveau qui régissent la zone du plaisir. Résultat : les sujets qui dégustaient un vin qu’ils croyaient plus cher prenaient réellement plus de plaisir que sur le vin identique perçu comme moins cher.
De là, peut-on affirmer que la satisfaction gustative n’est finalement qu’une question de chiffres ?
Une étude complémentaire semble venir pondérer cette conclusion. Dans les mêmes conditions expérimentales, elle a cherché à savoir si une baisse de prix pouvait à l’inverse diminuer la perception de qualité. Le résultat est négatif : un vin de qualité que l’on fait déguster en affichant un prix inférieur à sa valeur réelle n’est pas perçu comme moins bon. Ouf !
Tout cela nous confirme que la dégustation de vin est un art délicat, que le consommateur est rarement objectif et que les signes extérieurs de qualité influencent jusqu’à nos perceptions les plus intimes !
Arnaud Heckmann
Formateur Bachelor, M1 & M2
Auteur : Histoire mondiale du vin français